Musique et vagins ne sont pas incompatibles



Souvenir d’un article de Noisey regroupant les pires questions qui sont posées par les journalistes lors d’interview de groupes. Une était particulièrement marquante :

Le guide Noisey des questions à ne jamais poser en interview ©


             
Rires. Je ris du fait que l’on soit encore limité à faire la distinction entre hommes et femmes tels des prépubères découvrant leur sexualité. Je ris beaucoup, mais je m’attriste aussi, de devoir trop souvent répéter que mettre en avant la constitution de l’entre-jambe des artistes est loin d’être des plus pertinents. Car oui vagin et musique ne sont pas incompatibles. Une tâche loin d'être évidente dans un monde où l’on doit se positionner forcément pour ou contre le féminisme.   


On ne vous apprend rien en disant que la femme était considérée comme le sexe faible et n’avait en rien les mêmes droits que son alter ego masculin. Ce clivage sociétal s'est répercuté dans de nombreux domaines. L'art n'y a pas échappé.     
A l'époque médiévale ''les musiciennes étaient encore plus que les autres femmes soumises à la domination masculine et à la misogynie ambiante. Si elles étaient professionnelles, leur métier était volontiers assimilé à celui de prostituée ou de courtisane, et la réprobation générale qui s'exerçait à leur encontre, les empêchait en particulier de rentrer à l'église et de communier. Les femmes, moins encore que les hommes, n'avaient pas accès à l'éducation. Quelques femmes, néanmoins, nées dans des  familles riches et ouvertes d'esprit, recevaient une éducation très complète'' (propos extraits du site RadioFrance Musique). Cette situation perdura de longs siècles durant. C'est au XXième siècle avec la popularisation de la musique, l'émancipation de la femme et l'accès véritablement aux loisirs que les femmes commencent à prendre part de manière significative au monde de la musique. De nos jours la filière musicale, et l'ensemble des domaines artistiques, sont accessibles à tous, mais la musique reste toutefois un univers relativement masculin. (cf. tableau ci-dessous).




On se dit que de nos jours ça va mieux, la team des culottes prend de l'ampleur face à la team caleçons. Et bah pas tant que ça. On peut prendre l'exemple de l'électro qui est à son apogée depuis une bonne décennie, que l'ensemble de la populace tous sexes confondus en est un fervent amateur, et cela semble suffisamment récent comme nouvelle vague musicale pour que l'on y imagine un certain investissement des femmes. Toutefois, on pourrait y voir une raison, qui bien qu'insuffisante, tient la route (si, si !). Depuis un bout de temps  le chromosome XY a le monopole dans les domaines touchant à l'informatique, pas si étonnant donc qu'il y ait des répercussions dans une sphère musicale ancrée dans les nouvelles technologies.
       

Bien qu’on le veuille au plus profond de nous et qu’on fasse tout pour, nous ne pouvons pas faire comme si nous étions asexués. Il est dur de se battre quand l'industrie utilise la femme comme objet sexuel. Ce n'est pas nouveau je vous l'accorde, mais ça perdure depuis trop longtemps pour qu'on ne puisse y rester insensible. Cette culture hip-hop, rap US, on l'aime. Là où le bas blesse,  c'est quand les grosses majores ressentent le besoin irrépressible de faire un focus sur un 90D et un cul à la Kardashian à longueur de temps dans leurs clips. Phénomène qui se généralise ne touchant plus seulement la représentation imagée, mais bien le cœur de certains titres à travers des paroles dégradantes. Une hypersexualisation du corps féminin amplifiée par l'utilisation nouvelle des médias où tout propos doit être imagé, où l'on voit la musique presque plus qu'on ne l'écoute.


Extrait de Konbini - Quelle place pour les femmes dans l'électro ?


Tu m'étonnes que certaines qui se lancent dans la musique se sentent obligées de dégainer l’étendard  féministe afin de réclamer un peu de considération. 
Mais parfois le féminisme exaspère face aux proportions qu'il prend.  Battons-nous pour la parité, certes c'est légitime et même essentiel, je vais pas vous refaire le discours, vous le maîtrisez déjà.  Rien ne sert de faire la morale aux festivals n’ayant pas assez de boobs sur leurs progs. On ne peut pas, on ne doit pas, appliquer un ratio vagin/pénis à tout. Non on n'instaurera pas un système de discrimination positive, sorte de quotas aux festivals.
La musique doit rester l'unique critère de sélection des programmateurs et non la composition du groupe.. Douce impression d'enfoncer des portes ouvertes en disant-cela haha.



Les loisirs sont accessibles à tous. La culture est accessible à tous. L’art est accessible à tous. Alors pourquoi vous ne vous bougez pas mesdemoiselles ? Car si les progs sont essentiellement masculines, c’est en grande partie parce que la gratte et la batterie vous les délaissez. Même le piano, vous pourriez en faire sur scène, un bon synthé, des potes qui jouent un peu aussi, et hop plus qu’à vous déhancher et vous éclater dans les salles sombres où il fait si bon.
L'art, le jugement esthétique, en ce qu'il a de qualitatif,  n'est-il pas au-dessus de ce ramassi de conneries. Si la musique est bonne, à quoi bon rabaisser son jugement à la bassesse de cette distinction.



Camille Marie

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