Feu !Chatterton. Un des meilleurs concerts, si ce n’est
le meilleur, que j’ai pu voir. Un live
qui a fait vibrer un Ubu qui affichait complet.
Ce vendredi 14 novembre restera dans les mémoires pour un
petit bout de temps. Et pour cause, Feu !Chatterton nous offrit en plus d’un moment de bonheur, une prestation
d’une rare justesse.
Prononcé [fø ʃɑtɛʁtɔnə] le groupe est une des merveilles émergentes de la scène
française.
Pause intellectuelle : Chatterton est une œuvre du XIXe siècle écrite par
Vigny. Le protagoniste est un poète torturé, plein d’orgueil et de détresse,
incapable de faire des compromis. Et cela à un tel point que, en proie à ses
névroses, il mettra un terme à sa vie. Un drame qui fascina de nombreux Romantiques. Et ouais mon
gars !
Bref. Feu!Chatterton c’est une voix qui te transporte. Un mélange de Brel et
de Nougaro. Pop-carne voilà comment le groupe définit une musique suave, lancinante, tourmentée aux accents Noir Désir.
Feu ! Chatterton c’est un live
sans
précédent. Arthur, gourou mystique et poète à la gestuelle travaillée et au
visage ultra-expressif, et sa bande te scotchent
sur place et t’amènent vers un au-delà où tout
n’est plus que sensations. Une contrée qui s’étend à l’infinie, la mélancolie apparait comme la brume qui brouille l’horizon, nous ne sommes plus que des pantins emportés
par la tornade Feu!Chartterton.
Ces dandys commencèrent à jouer dans une cave, puis une ascension fulgurante les mena à écumer les festivals et salles cet été. La sortie de
La Mort dans La Pinède marqua le départ de cette folle aventure qui fut confirmée si l'on peut dire par la victoire du (prestigieux) Tremplin des Inrocks en étant, qui plus est, lauréats du prix jury et publique. Un tel plébiscite leur permis de lancer via la plateforme de crowdfunding KissKissBankBank, une collecte de fond pour financer leur EP. Et quel EP ! Retour sur ce phénomène qui l'aurait fallu écouter sur un gramophone.
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Live à l'UBU- Photo Gwendal Le Flem |
Côte Concorde : L’EP
s’ouvre sur ce
très beau titre qui
nous pousse dans nos retranchements, perçant avec violence et douceur notre
carapace.
On pourrait s’attendre à bien
des histoires, mais c’est celle du naufrage du Concordia que choisit de nous
compter Arthur de sa voix éraillée, porteuse des maux de ces naufragés. Des
sons ultra-épurés, travaillés avec subtilité. Bouleversant.
La Malinche : La mélancolie
laisse place à une synth- pop dansante, colorée,
à l'instrumentale tendance electronica et au
beat entraînant. Cocktail surprenant, que celui-ci que nous propose le groupe
francophone tant le morceau semble dépareiller
de la pop sombre torturée du reste de l’EP. Résolument
génial, ce titre est une bouffée d’air et de
modernité
par rapport à la précédente, ce qui apparaît comme une brusque coupure , amenant une nouvelle palette d'émotions
beacoup plus charnelles. Il régnait une tension quasi sexuelle pendant ce titre
dans la salle où tout n’était plus que phéromones et déhanchés.
A l'aube : Balade lente mélancolique,
semblable à Côte Concorde, mais où l’instrumentale contraste avec le chant, tant elle semble
contenir en elle espoir et optimisme
L'heure de dense clôture ce
magnifique EP et se profil dans sa continuité. Le morceau est toutefois plus
profond et mystique. Véritables chamans mettant à nu nos âmes pleines de vices,
Feu ! Chatterton met un point d’orgue à notre mystification, avec ce joli
titre tout en simplicité.
Il semblait loin le temps où l'on se délectait de groupes chantant la langue de Molière. Toutefois dans un monde ne résultant plus que d'une cultre globale anglo-saxonne, une poignée de groupes ne cèdent pas à la facilité, travaillant avec minutie leurs paroles francophones. Aux côtés de
Christine and The Queens, ou bien encore
La Femme, Feu!Chatterton apparaît comme la figure de proue de ses poètes à l'ère du 2.0. Pour ceux qui ne l'auraient pas compris, ou pour qui la chanson francophone se limite à un certain collectif pensant que le blizzard doit aller se faire enculer, Feu!Chatterton si vous voulez c'est du Fauve en mieux, en réussi, loin de tout lyrisme excessif et sentimentalisme à outrance. Voilà c'est dit.
Photos - Visuel Feu!Chartterton
- Photo du live à l'Ubu par
Gwendal Le Flem